Claude Strebelle, créateur d'un campus dans la nature

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Si Claude Strebelle est une figure majeure de la scène architecturale liégeoise d'après 1945, il l'est tout autant dans le champ de l'urbanisme où il laisse une empreinte très sensible sur le paysage liégeois  : au Sart Tilman d'abord, où, pendant près de 25 ans, il pense et coordonne le transfert de l'Université ; sur la place Saint-Lambert ensuite où il intervient à partir du milieu des années 1980. Au Sart Tilman, il réalise essentiellement une œuvre « constructive », une œuvre de  création en pilotant le chantier complexe de la construction d'une nouvelle université, tandis que sur la place Saint Lambert, il fait œuvre réparatrice  en cherchant à  renouer avec les valeurs d'urbanité malmenées par les options antérieures, marquées du sceau du fonctionnalisme le plus brut(al). 

Quand, en 1959, l'Université décide de déménager vers le Sart Tilman, elle rompt avec une histoire presque cent cinquantenaire dont les options d'aménagements avaient été le plus souvent dictées par d'autres acteurs (municipalité et ministères). Au début des années 1960, l'obtention de la maîtrise d'ouvrage annonce un nouvel horizon offrant une autonomie infiniment plus large, dont celle relative au choix des architectes. Homme orchestre de cette entreprise inédite et personnage hors du commun, le recteur Marcel Dubuisson choisit Claude Strebelle comme architecte, qu'il va chercher à Élisabethville et à qui il veut confier la totalité de l'œuvre. Strebelle et Dubuisson : le duo complémentaire est en place, l'un coordonnant la partie institutionnelle, l'autre la partie créative, duo sans qui sans doute un critique d'architecture n'aurait jamais pu qualifier le  Sart Tilman de « miracle liégeois »1.

 

Strebelle est désigné en 1961 pour définir le plan de zonage du domaine universitaire, et la même année, il fonde l'Atelier du Sart Tilman. Il est aussi investi d'une mission de  coordination des différents architectes qui vont intervenir, car il a indiqué très tôt qu'il souhaite s'entourer d'une équipe d'architectes, et non agir seul. Le choix des auteurs de projet révèle un dosage équilibré de profils, de personnalités, de sensibilités. Alors que certains, encore jeunes, sont déjà reconnus sur la scène belge, d'autres sont des architectes confirmés tel le prestigieux Henri Lacoste2. Dans les premières années, Strebelle intervient peu en qualité d'auteur de projet de bâtiments voulant « laisser la liberté à chacun en leur parlant uniquement du problème d'ensemble »3. Il signe quelques bâtiments de l'infrastructure technique du domaine universitaire : les beaux pavillons conçus pour que les architectes puissent y travailler, y vivre et ainsi s'imprégner des valeurs du site (1963), la centrale de chauffe (1968, Prix Éternit en 1969) ou encore le poste central de commande (1968). Ces deux derniers immeubles affichent une très grande force expressive : leur forme « dit » leur fonction.

© TILT ULG DR - Aero 184

Centrale de chauffe (photo © Michel Houet-ULg)
 
ULG 2008  JLD5095
Poste central de commande © Jean-Luc Deru - Photo-Daylight.com



1 PUTTEMANS Pierre, La nouvelle Université de Liège au Sart Tilman. Le miracle liégeois, in Beaux-Arts, samedi 27/4/1967, n° 1204.
2 Les architectes de la « première génération » sont : Roger Bastin, Charles Dumont, le groupe EGAU, Pierre Humblet, André Jacqmain, Jean Maquet, Charles Vandenhove, Henri Lacoste, Jean Opdenberg, ce dernier étant l'auteur de ce fantastique escalier du château de Colonster.
3 HENRION Pierre in : http://culture.ulg.ac.be/jcms/c_12972/claude-strebelle-architecte-urbaniste-du-sart-tilman-a-calvi

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